Pure Ocean Summit: une vision commune pour la protection des océans

Le 26 avril dernier, des professionnels de l’industrie de la mer et des scientifiques se sont réunis pour le premier Pure Ocean Summit. Le temps d’une matinée à Bruxelles, ils ont pu échanger sur l’état des océans et les actions à mettre en place.

L’innovation au service des océans

Créé en octobre 2017, Pure Ocean est un fonds sous égide de la Fondation Roi Baudouin. Cette toute jeune structure a déjà de grandes ambitions pour la préservation des océans et de leurs écosystèmes. La technologie et la science évoluent toujours plus vite et permettent désormais de mieux comprendre les écosystèmes les plus fragiles. Cette meilleure appréhension des problèmes de l’océan est également un atout majeur dans sa préservation. Pure Ocean se donne pour mission de soutenir des projets à la pointe de l’innovation pour remplir ses objectifs de connaissance et de préservation de la biodiversité marine.

Pour y parvenir, Pure Ocean a décidé de réunir les scientifiques et les professionnels des produits de la mer pour mieux appréhender les enjeux et les moyens disponibles pour sauver nos océans, qui se dégradent à vue d’oeil. Leur slogan, « l’innovation au service des océans », laisse peu de doute quant aux moyens qui seront mis en œuvre pour atteindre leurs objectifs.

Pure Ocean a été créé à l’initiative de David Sussmann, le dirigeant de Seafoodia. Cette PME, basée à Marseille, est spécialisée dans la distribution et la vente des merveilles de la mer à travers le monde. En plus de vingt ans de carrière dans ce monde, David Sussmann a pris conscience de l’état de la biodiversité marine et a également pu constater le manque de ponts entre les chercheurs, les acteurs de l’industrie et le grand public.

Face à l’urgence de la situation, une première rencontre entre les chercheurs et les acteurs économiques de la filière des produits de la mer a été organisée : le Pure Ocean Summit du 26 avril 2018, en parallèle du SeaFood Expo Global, plus grand salon international de la filière des produits de la mer, était l’occasion de réunir toutes ces personnes le temps d’une matinée d’échange et de collaboration.

Une matinée sous le signe des rencontres

Conformément à ses velléités de rapprochement entre le monde de la science et les néophytes, le Pure Ocean Summit a débuté par une table ronde animée par le Docteur Deborah Pardo, coordinatrice scientifique de Pure Ocean. Elle a ainsi permis de dresser un bilan de l’état actuel des océans et des défis qui s’offrent au Fonds et à tous ses partenaires pour les années à venir.

Marie-Alexandrine Sicre, spécialiste en chimie marine au CNRS et Philippe Cury de l’IRD, expert en écologie marine et techniques de pêche ont répondu aux questions du Dr Pardo avec clarté, à mille lieues des discours scientifiques alambiqués et compliqués.

Les multiples actions humaines depuis la révolution industrielle ont un impact grave sur nos océans: pollution, changement climatique, surpêche, dégradation des fonds marins, introduction d’espèces invasives. De même, la diplomatie internationale a mis du temps à considérer le statut de protection des océans. Leur bilan était sans fard, inquiétant mais à la fois enthousiasmant : des solutions existent, grâce à l’innovation, le partage de connaissances et avec la collaboration de toutes les filières en lien avec la mer.

Pour Philippe Cury, un premier défi se trouve du côté de la pollution plastique, ce désastre écologique sans précédent. De nouvelles perspectives technologiques sont pourtant en cours de mise au point, et pourraient selon lui, constituer un formidable point de départ pour l’innovation scientifique. Marie-Alexandrine Sicre quant à elle, met beaucoup d’énergie dans la construction de ponts entre les différents domaines scientifiques. Au niveau international, elle contribue à lancer de nouvelles synergies entre sciences fondamentales, appliquées et sociales, pour améliorer les prises de conscience et transformer les constats alarmistes en actions concrètes.

L’entraide, la compréhension et la collaboration : voici les clés que Pure Ocean souhaitait remettre aux différents acteurs de la filière au cours de cette matinée. Pour y parvenir, des ateliers de travail et de réflexion ont suivi cette table ronde. En français d’un côté, en anglais de l’autre, des personnes de tous horizons ont pu discuter et échanger autour du sujet des océans et de leurs écosystèmes. Elles ne se seraient sans doute jamais rencontrées dans d’autres occasions, mais au Pure Ocean Summit elles ont pu découvrir les obstacles et les avancées de chacun. Pêcheur, Professionnel de la conserve, ou même musicien ont ainsi pu partager leurs craintes et leurs espoirs sur l’état des océans.

Pour mieux avancer et trouver des solutions, ces moments d’échanges ont permis à plusieurs milieux de se croiser, de discuter, et d’avancer sur des problématiques communes : la pollution plastique, l’acidification des océans, le blanchiment des récifs coralliens, la pêche raisonnée… Nul n’est ressorti démoralisé de ce moment de travail commun, bien au contraire, les idées ont fusées pendant toute la durée de l’atelier, et accompagneront les partenaires de Pure Ocean dans leurs prochaines actions. 

Workshop report

Supporter des projets innovants

Associer innovation et préservation n’est pas un vœu pieu pour Pure Ocean mais un véritable objectif. Des drones pour lutter contre le braconnage des baleines, des expéditions polaires pour étudier la modification des cycles de nutriments face au changement climatique, des projets éducatifs médiatisés ou encore des plongeurs citoyens avec une application smartphone qui apportent des données aux scientifiques partout dans le monde, sont autant de types de projets que​ ​le fonds​ ​sera​ ​amenée​ ​à​ ​soutenir.

Chaque année, suite à un appel à projets, le Comité Scientifique de Pure Ocean se chargera d’étudier et d’en retenir certains afin de les financer et permettre des avancées notables dans la compréhension et la préservation des océans. Ce Comité, au complet depuis début 2018, est composé de scientifiques internationaux dont Françoise Gaill (CNRS, Plateforme Océan&Climat), Gilles Boeuf (MNHN), Abdelmalek Faraj (IRH Maroc), Kartik Shanker (Indian Institute of Sciences) et Anna Zivian (Ocean Conservancy) ainsi que de Fabien Gilot, champion olympique de natation, très touché par les problématiques de l’océan et parrain de l’opération. Une diversité de connaissances et de points de vue dont le travail de sélection se basera sur quatre critères, à savoir la co-construction, l’engagement, l’innovation et l’impact environnemental.

Pour souligner l’importance de cette démarche et de l’innovation dans la préservation des écosystèmes marins, le Pure Ocean Summit s’est conclu sur une présentation du Ocean Innovation Tour, un projet marrainé par la célèbre navigatrice Isabelle Autissier. L’ANTSIVA est un magnifique voilier mais surtout un grand laboratoire flottant dans lequel des porteurs de projets pourront mener à bien leurs expérimentations et mettre en pratique leurs recherches. Ce projet leur permet également de bénéficier d’une représentation médiatique, scientifique et financière dans ce programme participatif qui accorde une place importante aux populations locales dans la protection de la biodiversité des océans et des récifs coralliens.

Les premières missions de l’Ocean Innovation Tour se feront en 2018 au niveau de l’Océan Indien et du Canal du Mozambique. Julia Bodin et Sophie Chapellier sont ainsi venues nous présenter deux projets: un projet d’étude de la “Twilight Zone”, cette zone crépusculaire inexplorée entre 100 et 800 m de profondeur où existe une biodiversité incroyable ainsi qu’un projet de surveillance des baleines à bosses combinant drones et logiciel d’exploitation photographique.

En termes de connaissances et de protection, l’innovation, qu’elle soit technologique, sociale ou écologique a un rôle majeur à jouer dans l’avenir de l’océan et donc dans le notre aussi.

Pour financer des projets de ce type, et faire avancer la cause des océans auprès du grand public, Pure Ocean compte réunir dans sa première année 1 million d’euros. Un premier point de départ pour, comme aime à le dire David Sussmann, le fondateur de Pure Ocean “Rendre l’Océan Pur à nouveau” (ndlr « Make our Ocean Pure Again »).

Reportage de Clémence Postis – Place To B


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