Pure Ocean soutient 5 nouveaux projets scientifiques

Edition spéciale du figaro – mercredi 08 juin 2022

Le comité scientifique Pure Ocean vient de nommer les 5 lauréats de cette année. Objectifs : récompenser le degré d’innovation de la solution et l’impact anticipé vis-à-vis des grands enjeux pour la préservation de l’océan.

Pour cette édition 2022, les référents scientifiques de Pure Ocean ont analysé 40 candidatures avant d’effectuer une première sélection présentée au comité scientifique, composé de cinq des plus grands experts internationaux de l’océan. « En trois ans, nous avons soutenu 15 projets, explique Charlie Mathiot, coordinateur scientifique Pure Ocean. Certains sont pourvoyeurs de bonnes nouvelles, comme c’est le cas de SPO PLASTIC, projet espagnol qui travaille sur les interactions entre les plastiques, les éponges marines et leur microbiote associé ; d’autres prennent plus de temps à se mettre en place… Et plus encore depuis le COVID. » « Nous intervenons à différentes étapes du process, poursuit Atlantine Boggio-Pasqua, également coordinatrice scientifique. Au-delà de cette sélection, une large part de nos activités est dédiée à la vulgarisation scientifique dans le but de sensibiliser au maximum nos mécènes. Certains projets présentés sont très complexes, à nous de les rendre compréhensibles par le plus grand nombre ». Cette année, les projets ont été classés en trois catégories, une façon plus claire de faire le lien entre eux. Chacun bénéficiera d’un soutien financier et médiatique durant près de deux ans.

Mangrove Beekeeping

Malgré leur rôle essentiel de nurserie pour la biodiversité marine, de puits de carbone et de remparts naturels contre l’érosion des côtes et les événements climatiques extrêmes, les mangroves sont largement déforestées au profit de l’agriculture, de l’aquaculture et du développement urbain. Ce projet mise sur le développement d’une activité apicole basée sur les mangroves pour inciter les populations locales à les conserver. En plus de créer une source de revenus alternative durable, la pollinisation associée à cette activité permettra de favoriser la bonne santé d’un écosystème crucial pour la sécurité alimentaire et physique de ces communautés côtières.

SHAMA

Face à la dégradation progressive des récifs coralliens et des pêcheries associées, le projet SHAMA vise à créer une structure de recherche et d’action pour garantir la sécurité alimentaire et économique de la communauté de Shark Fin Bay, aux Philippines. Les pêcheurs seront formés au suivi des aspects écologiques et sociaux de leur activité dans le but de coproduire un rapport appuyant les décisions de gestion locales.

Safeguarding Africa’s Ocean Giants

Les raies Manta figurent parmi les nombreuses espèces de raies et de requins habitant les eaux riches du Mozambique. Elles sont cependant fortement menacées par la pêche intensive et la pêche illégale qui prolifèrent le long de la côte sud-africaine. Grâce à des méthodes de suivi satellite, ce projet vise à mieux comprendre et à comparer les mouvements des raies Manta et les pressions de pêche existantes, ainsi qu’à évaluer l’efficacité des aires marines protégées actuelles.

Reef Reborn

Alors qu’ils hébergent 25 % de toute la vie marine, les récifs coralliens tropicaux sont aujourd’hui décimés par les effets du changement climatique : en 20 ans, plus de 50 % des coraux de la Grande Barrière australienne sont morts, mettant en péril les populations et acteurs économiques locaux. Les initiatives actuelles de repeuplement par bouturage de colonies adultes ne sont pas efficaces et ne permettent pas le renouvellement génétique (donc l’adaptation à long terme) ; le repeuplement naturel est lui limité par le faible taux de survie des larves (moins de 1%). Ici, les chercheurs ont développé un cocktail unique de nanoparticules de lipides ; avec leur métabolisme boosté par ce « plancton super-gras », 46% des larves se fixent finalement en colonies. Le projet vise à optimiser ce cocktail, à la fois pour l’alimentation des larves en pépinières avant réintroduction, et directement sur les zones prioritaires des récifs. Des guides et vidéos méthodologiques seront diffusés pour favoriser la restauration des récifs à plus large échelle.

3DR-4-SEAC

Une large majorité des espèces côtières de Méditerranée dépend ou vit au sein d’habitats-clés tels que les herbiers de posidonie ou les récifs coralligène, particulièrement vulnérables aux pressions anthropiques littorales et au changement climatique. Le projet utilise la photogrammétrie à haute résolution, une technique d’imagerie innovante pour les cartographier et reconstituer des modèles 3D photoréalistes, qui permettent d’en suivre les évolutions morphologiques et estimer les dynamiques d’abondance et de taille des organismes fixés. Les modèles obtenus pourront être exploités pour des études environnementales, mais également pour la sensibilisation du grand public lors de “plongées virtuelles”.